lundi, mars 17, 2008

Andreas Vogt à propos de l’efficacité des organisations de la société civile en tant qu'acteurs du développement

Source : Concord Flash 49, février 2008


Quel est aujourd’hui le plus grand défi que doit relever la communauté internationale des ONG et la société civile en général ? Les réponses à cette question varient mais ont au moins un dénominateur commun : personne ne peut parler au nom de tous. Cette règle est inhérente au concept même de « société civile » puisque c’est sa diversité qui fait sa richesse.

Le droit d’association, qui est la base de l’engagement collectif de citoyens, assure l’indépendance des organisations et donc leur diversité.

Cette réalité engendre dés lors des enjeux et défis particuliers : la définition du terme « ONG » est elle-même plutôt vague et varie considérablement d’un pays à l’autre, même à l’intérieur de l’Union européenne. Autre exemple, quand la société civile – que ce soit au niveau national, régional ou même international – se retrouve confrontée à un défi collectif, elle réagit trop souvent de façon peu coordonnée ou même disparate. Ces problèmes inhérents à la diversité des ONG peuvent aller à l’encontre des intérêts légitimes et de la réputation de tout un secteur de la société civile.

L’un des défis collectifs est lié à la qualité des interventions des organisations la société civile (OSC) actives dans la coopération au développement. Le public, les médias et les donateurs ont tendance à simplifier la vision qu’ils ont de l’univers des acteurs non-étatiques de développement, de généraliser pour le pire et le meilleur. Lors de crises aigües, comme le Tsunami ou l’ouragan Mitch, les ONG dans leur ensemble bénéficient d’une aura qui tient de l’angélisme.

Mais quand l’action infortunée d’un acteur du développement se retrouve au cœur d’un tourbillon médiatique, c’est l’ensemble du secteur qui en paie le prix.

Cette question de la qualité du travail des acteurs du développement est ancienne, mais elle a pris un élan significatif avec les débats autour de l’efficacité de l’aide et de la Déclaration de Paris. Les bailleurs et les gouvernements ont établi des principes, des critères et des indicateurs pour mesurer leur efficacité. Les OSC abordent ces questions avec un œil critique, mais se posent des questions similaires sur leur propre performance en tant qu’acteurs de développement.

Un grand nombre d’initiatives a été lancé dans des familles d’OSC et dans des réseaux thématiques ou géographiques, en vue d’améliorer et de garantir la qualité. Des codes de conduite et des chartes ont été développés sur des aspects spécifiques (partenariat, redevabilité, transparence, etc.).

Un nombre grandissant de représentants de la société civile considère que le moment est venu que ces questions soient traitées à l’échelon mondial et trans-sectoriel. L’élan politique induit par la Déclaration de Paris a ouvert une fenêtre d’opportunité pour que s’ouvrent les débats sur les principes directeurs en matière de l’efficacité des OSC comme acteurs du développement. Les questions qui se posent à l’heure actuelle passent par une dimension éthique et holistique touchant à la volonté politique, l’ambition collective et la faisabilité :
  • Les principaux acteurs de la société civile, actifs dans la coopération au développement, veulent-ils s’engager dans un processus collectif et mondial ?
  • Quels sont les acteurs disposant d’une légitimité suffisante pour faciliter un tel processus avec succès ?
  • Comment peut-on construire un consensus sur des questions sensibles liées à la qualité du travail de milliers d’OSC à travers le monde, tout en respectant la diversité et les cultures organisationnelles?
  • Quelles peuvent être les ambitions en termes de promotion, d’application et de vérification des principes directeurs ?
Depuis sa création en 2003, CONCORD réfléchit avec ses membres au rôle des ONG.

Depuis 6 mois, CONCORD traite également de ces questions, dans le cadre d’un dialogue extrêmement constructif, avec ses membres et avec d’autres secteurs de la société civile européenne mais aussi des plateformes nationales d’outre-Atlantique et de pays en développement. Considérant l’implication des OSC dans ce dialogue et l’intérêt croissant générés par ces débats, on peut être optimiste quant à l’avenir proche et lointain de ce processus.

Dans les six mois qui viennent, CONCORD, avec d’autres acteurs clés, essayera de bâtir les conditions nécessaires pour que ce processus soit inclusif, représentatif et ait un impact positif à long terme : promouvoir l’efficacité des OSC comme acteurs du développement.

Andreas Vogt s’occupe des membres et du maillage au secrétariat de CONCORD (avogt@concordeurope.org)

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2 commentaires:

haol a dit…

Bonjour et bravo pour cet article qui pose bien les problématiques de l'évaluation des OSC : nombreuses initiatives existantes, difficulté d'établir des critères (qualitatifs) pertinents, etc.

En France, c'est vraiment un sujet d'actualité. Un nouveau site vient d'être lancé afin de guider les donateurs et les bailleurs de fonds dans leurs décisions. ONG Scan permet de mieux comprendre la gestion des associations faisant appel aux dons, à l'aide de plusieurs critères portant sur leur efficacité, leur autonomie, leur déontologie, leur transparence, etc... Comme des initatives comparables en cours en Grande-Bretagne, en Allemagne, et bientôt en Italie, la démarche est non-sollicitée de la part des OSC, ce qui permet d'obtenir un large panel d'organisations référencées, donc une meilleure information des contributeurs.


Pour en savoir plus : www.ong-scan.org

Bonne visite et à bientôt !

haol a dit…

Bonjour et bravo pour cet article qui pose bien les problématiques de l'évaluation des OSC : nombreuses initiatives existantes, difficulté d'établir des critères (qualitatifs) pertinents, etc.

En France, c'est vraiment un sujet d'actualité. Un nouveau site vient d'être lancé afin de guider les donateurs et les non-donateurs dans leurs choix. ONG Scan permet de mieux comprendre la gestion des associations faisant appel aux dons, à l'aide de plusieurs critères portant sur leur efficacité, leur autonomie, leur déontologie, leur transparence, etc... Comme des initiatives comparables en cours en Grande-Bretagne, en Allemagne, et bientôt en Italie, cette évaluation n’est pas sollicitée par les OSC, ce qui permet d’obtenir un large panel d’organisations référencées, donc une information efficace des donateurs et des bailleurs.

Pour en savoir plus : www.ong-scan.org

A bientôt !