jeudi, mars 20, 2008

Faire face au changement climatique : d'abord la mitigation, ensuite l'adaptation


Amsterdam, 17 mars 2008 - Jan Pronk, l’éminent ancien ministre de la Coopération au développement et de l’Environnement des Pays-Bas, et maintenant professeur auprès de l’ISS à La Haye, a donné une conférence bien assistée à l’Université libre d’Amsterdam.

Analysant les négociations de Kyoto, M. Pronk a souligné le caractère innovant de cet accord. Pour la première fois, les parties prenantes ont accepté une approche intégrée et différentiée, des objectifs concrets, prévu des sanctions (bien que relativement souples), et ont pris conscience de l’importance de la mitigation et de l’adaptation, du renforcement des capacités et du potentiel d’absorption du gaz à effet de serre. Le résultat fut positif, puisqu’il était équitable, concret, contraignant, flexible et innovant.

Quelles ont été les évolutions durant ces dix dernières années ?
• La croissance économique a dépassé les prévisions (Inde, Chine, Brésil, Afrique du Sud).
• Les émissions de gaz à effet de serre sont plus importantes que prévu.
• Le mécanisme du changement climatique est plus complexe que prévu.
• Les conséquences physiques sont plus importantes que prévu.
• Les consequences économiques de ces changements physiques sont plus importantes que prévu.
• On dénombre plus de désastres environnementaux que prévu il y a 10 ans.
• Le changement climatique est un facteur supplémentaire et imprévu de l’inégalité des conditions de vie.
• Le changement climatique est aussi un potentiel facteur important de crises conflictuelles.
• La pénurie d’énergies fossiles s’est avérée plus tôt que prévu. De même, l’uranium pour la force nucléaire commence à se faire rare.
• Le problème de la sécurité énergétique est plus important que prévu.
• Nous sommes en possession de plus amples certitudes et connaissances scientifiques sur le changement climatique.
• Une plus importante prise de conscience de la globalisation et du changement environnemental global a été atteinte.
• La recherche technologique dans le secteur privé est plus importante.
• Le projet de l’UE pour faire face au changement climatique semble lui conférer un rôle leader.
Concernant les négociations de Bali, l’opinion de Jan Pronk était mitigée. Les pays intéressés sont encore en train de se critiquer entre eux plutôt que d’assumer les décisions prises à Kyoto, bien que la conformité en acte est politiquement très importante. M. Pronk a admis qu’ « il était embarrassé » par le faible résultat des négociations d’implémentation aux Pays-Bas, auquel il a lui-même participé. Le plus important obstacle en vue d’une implémentation efficace était représenté par le lobbying du secteur privé.

En outre, M. Pronk a regretté que le centre de l’attention soit de façon si disproportionnée porté sur la déforestation et l’adaptation, négligeant l’aspect de la mitigation. La mitigation devrait représenter le noyau central de toute stratégie de changement climatique et l’adaptation devrait venir en second lieu. L’adaptation à travers des paiements compensatifs, comme le « Clean Development Mechanism » (CDM) n’est pas suffisante. Il s’agit plutôt d’une action « pour la forme » qui indique qu’ « il ne faut rien faire à la maison ». « D’abord nous, ensuite les autres », a souligné Pronk, « nous devons appliquer la mitigation afin d’être crédibles aux yeux de nos partenaires ». Suivre la voie de notre mode de vie occidental signifie ouvrir la porte à un désastre. Ni la croissance de la population, ni l’augmentation du revenu global ne sont en discussion, mais bien nos consommations matérielles.

Pour le futur, Jan Pronk a semblé plutôt pessimiste. Bien que de bonnes politiques et des institutions efficaces soient en place, les valeurs et motifs de consommation n’ont fondamentalement pas changé. Le grand problème est lié au fait que « le système capitaliste nous demande de consommer, consommer et encore consommer ». La résistance croissante et l’intérêt des jeunes, néanmoins, vers quelque chose de différent, laisse un certain espoir.

Depuis octobre 2007, SID Pays-Bas et ses partenaires organisent des séminaires mensuels sur le thème « Les nouvelles raretés globales et la division du pouvoir ». Les conférences de janvier et février ont débattu de biocarburants et des voies politiques pour faire face au changement climatique. La série de conférences SID 2007/2008 se poursuit jusqu’en juin 2008.

Birthe Paul

Le changement climatique et son impact sur l’agriculture a été objet de débats à Bruxelles et Lisbonne

Consultez aussi le flux RSS Euforic sur le changement climatique

lundi, mars 17, 2008

Andreas Vogt à propos de l’efficacité des organisations de la société civile en tant qu'acteurs du développement

Source : Concord Flash 49, février 2008


Quel est aujourd’hui le plus grand défi que doit relever la communauté internationale des ONG et la société civile en général ? Les réponses à cette question varient mais ont au moins un dénominateur commun : personne ne peut parler au nom de tous. Cette règle est inhérente au concept même de « société civile » puisque c’est sa diversité qui fait sa richesse.

Le droit d’association, qui est la base de l’engagement collectif de citoyens, assure l’indépendance des organisations et donc leur diversité.

Cette réalité engendre dés lors des enjeux et défis particuliers : la définition du terme « ONG » est elle-même plutôt vague et varie considérablement d’un pays à l’autre, même à l’intérieur de l’Union européenne. Autre exemple, quand la société civile – que ce soit au niveau national, régional ou même international – se retrouve confrontée à un défi collectif, elle réagit trop souvent de façon peu coordonnée ou même disparate. Ces problèmes inhérents à la diversité des ONG peuvent aller à l’encontre des intérêts légitimes et de la réputation de tout un secteur de la société civile.

L’un des défis collectifs est lié à la qualité des interventions des organisations la société civile (OSC) actives dans la coopération au développement. Le public, les médias et les donateurs ont tendance à simplifier la vision qu’ils ont de l’univers des acteurs non-étatiques de développement, de généraliser pour le pire et le meilleur. Lors de crises aigües, comme le Tsunami ou l’ouragan Mitch, les ONG dans leur ensemble bénéficient d’une aura qui tient de l’angélisme.

Mais quand l’action infortunée d’un acteur du développement se retrouve au cœur d’un tourbillon médiatique, c’est l’ensemble du secteur qui en paie le prix.

Cette question de la qualité du travail des acteurs du développement est ancienne, mais elle a pris un élan significatif avec les débats autour de l’efficacité de l’aide et de la Déclaration de Paris. Les bailleurs et les gouvernements ont établi des principes, des critères et des indicateurs pour mesurer leur efficacité. Les OSC abordent ces questions avec un œil critique, mais se posent des questions similaires sur leur propre performance en tant qu’acteurs de développement.

Un grand nombre d’initiatives a été lancé dans des familles d’OSC et dans des réseaux thématiques ou géographiques, en vue d’améliorer et de garantir la qualité. Des codes de conduite et des chartes ont été développés sur des aspects spécifiques (partenariat, redevabilité, transparence, etc.).

Un nombre grandissant de représentants de la société civile considère que le moment est venu que ces questions soient traitées à l’échelon mondial et trans-sectoriel. L’élan politique induit par la Déclaration de Paris a ouvert une fenêtre d’opportunité pour que s’ouvrent les débats sur les principes directeurs en matière de l’efficacité des OSC comme acteurs du développement. Les questions qui se posent à l’heure actuelle passent par une dimension éthique et holistique touchant à la volonté politique, l’ambition collective et la faisabilité :
  • Les principaux acteurs de la société civile, actifs dans la coopération au développement, veulent-ils s’engager dans un processus collectif et mondial ?
  • Quels sont les acteurs disposant d’une légitimité suffisante pour faciliter un tel processus avec succès ?
  • Comment peut-on construire un consensus sur des questions sensibles liées à la qualité du travail de milliers d’OSC à travers le monde, tout en respectant la diversité et les cultures organisationnelles?
  • Quelles peuvent être les ambitions en termes de promotion, d’application et de vérification des principes directeurs ?
Depuis sa création en 2003, CONCORD réfléchit avec ses membres au rôle des ONG.

Depuis 6 mois, CONCORD traite également de ces questions, dans le cadre d’un dialogue extrêmement constructif, avec ses membres et avec d’autres secteurs de la société civile européenne mais aussi des plateformes nationales d’outre-Atlantique et de pays en développement. Considérant l’implication des OSC dans ce dialogue et l’intérêt croissant générés par ces débats, on peut être optimiste quant à l’avenir proche et lointain de ce processus.

Dans les six mois qui viennent, CONCORD, avec d’autres acteurs clés, essayera de bâtir les conditions nécessaires pour que ce processus soit inclusif, représentatif et ait un impact positif à long terme : promouvoir l’efficacité des OSC comme acteurs du développement.

Andreas Vogt s’occupe des membres et du maillage au secrétariat de CONCORD (avogt@concordeurope.org)

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jeudi, mars 13, 2008

L'Institut danois d'études internationales rejoint Euforic

L'Institut danois d'études internationales (Danish Institute for International Studies - DIIS), basé à Copenhague, a décidé de rejoindre Euforic.




DIIS est un institut de recherche indépendant engagé dans différents secteurs de recherche comme le commerce et le développement, la politique et la gouvernance, la migration et les relations extérieures.

L'Institut présente régulièrement des rapports ainsi que des analyses et suit de façon permanente les développements des affaires internationales afin d'évaluer la situation du Danemark en matière de sécurité et politique extérieure, en particulier par rapport aux questions de développement. DIIS publie des enquêtes et analyses et fournit une série de services d'information. L'Institut promeut le développement des capacités de recherche dans les pays en développement et facilite les contacts entre réseaux de recherche danois et internationaux.

Conjointement à l'Institut danois des droits de l'homme (DIHR), DIIS forme le Centre danois d'études internationales et des droits de l'homme (DCISM).

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