lundi, décembre 18, 2006

Journées européennes du développement : appel à la bonne gouvernance

« La bonne gouvernance » était la pierre angulaire des Journées européennes du développement, organisées par la Commission européenne les 15-17 novembre dernier.

En raison du fait que les ONG ne soutiennent pas la définition restreinte de la Commission européenne sur les caractéristiques de la bonne gouvernance, elles se sont réunies entre elles pendant deux jours - préalable à la manistation de la CE - pour débattre la question avec leurs partenaires du Sud.

Lors des JED, les ONG ont présenté les conclusions de leur séminaire - intitulées « La gouvernance équitable et démocratique : la perspective du peuple » – à la DG Développement de la Commission européenne et au directeur d'UN-HABITAT. Des ONG du Nord et du Sud lancent un appel à l'Union européenne pour adopter un autre concept plus élargi de la gouvernance refocalisant sur les pays pauvres et leurs populations.

Par l'imposition d'un modèle occidental de la gouvernance et de la démocratie, tout en focalisant sur leurs propres intérêts commerciaux et de sécurité, les politiques UE actuelles ne répondront jamais aux besoins des populations des pays les plus pauvres. Selon les mots d'Ousmane Sy, ancien ministre de l'administration locale et régionale et des collectivités locales au Mali, « En Afrique, dans certaines conditions le changement est possible. La plus importante parmi ces conditions est la meilleure gouvernance fondée sur les expériences des Africains ».

La Commission européenne n'a ni initié une consultation propre, ni a-t-elle cherché la participation des parlements africains ou européens ou des organisations de la société civile dans la formulation d'un agenda propre sur la gouvernance. Ce manque de transparence a confirmé les craintes que l'UE continue à utiliser sa promotion de « bonne gouvernance » pour tester et imposer de nouvelles conditions et sa propre définition de la gouvernance sur les pays partenaires.

Malgré le fait que, dans sa dernière communication, la Commission européenne a élargi son concept de la gouvernance, abandonnant sa politique stricte sur la conditionnalité. Ce concept se concentre en particulier sur les défaillances de la gouvernance dans les pays ACP sans prendre en compte les maintes raisons pour lesquelles les États et les institutions ne sont pas capables de répondre aux attentes de leurs populations. Par example, tout en mettant l'accent sur la lutte contre la corruption en Afrique, ce concept ne considère pas le rôle des multinationales ou leur immixtion dans la formulation des agendas politiques nationaux, d'autant plus qu'il analyse les processus internationaux qui, à plusieurs degrés, aident à déterminer pourquoi et comment un État pourrait avoir des retards en termes de services sociaux, de bien-être, et dans son rôle de protecteur.

Il n'analyse non plus le besoin urgent de réformer la gouvernance de l'aide, malgré le fait que les bailleurs de fonds principaux, y compris la Banque mondiale, n'appliquent pas vraiment des procédures démocratiques et responsables. Si l'on souhaite que l'action contre la pauvreté et l'injustice soit plus efficace, il est essentiel d'améliorer la gouvernance au sein des institutions internationales.

Pour conclure, l'Union européenne n'est pas conséquente dans l'application de critères envers les pays partenaires. Par exemple, et malgré la réduction de l'assistance à quelques pays (comme le Zimbabwe) basée sur l'argument de manque de respect des droits de l'homme - tout en punissant principalement les segments les plus pauvres dans ces pays - elle ne prend pas de mesures comparables par rapport à la Tunisie ou la Chine, qui régulièrement méconnaissent les fondements de la bonne gouvernance tels que la liberté de l'expression ou des médias.

Consultez plus d'informations et de rapports des Journées européennes du développement.

Source : CONCORD Flash, novembre 2006.

Aucun commentaire: