lundi, mai 14, 2007

L'Europe doit faire le ménage dans ses comptes et fournir réellement plus d'aide aux populations en développement

A une semaine de la réunion des Ministres du Développement de l'Union européenne qui indiquera si l'Union européenne remplira ses engagements en matière d'aide aux pays en développement, les ONG européennes pointent du doigt les principaux Etats membres, dont l'Allemagne, la France, l'Italie et le Portugal pour ne pas avoir tenu leurs promesses d'augmenter l'aide aux plus pauvres des pays du monde.

Dans un nouveau rapport lancé aujourd'hui et intitulé : "Retenez vos applaudissements ! Les gouvernements de l'UE risquent de ne pas tenir leurs engagements en matière d’aide", plus de 1600 ONG européennes réunies au sein de CONCORD, la Confédération européenne des ONG d'urgence et de développement, affirment que plusieurs gouvernements européens ne respecteront pas leurs engagements en faveur des pays pauvres d'ici 2010 à moins d'augmenter radicalement leur contribution financière.

"Nous avons vu peu de changements par rapport aux chiffres de l'aide de l'année dernière. Ceux-ci avaient déjà été gonflés par les gouvernements européens et il n'y a pas assez d'argent réel disponible pour ceux qui en ont le plus besoin", explique Lucy Hayes d'Eurodad, le Réseau européen sur la Dette et le Développement. "Il est temps que les gouvernements européens fassent le ménage dans leurs chiffres et donnent ce qu'ils ont promis".

Bien des Etats membres gonflent les chiffres de l'aide avec des annulations de dettes, principalement en faveur de l'Irak et du Nigéria. Ils y incluent aussi des dépenses pour héberger en Europe des réfugiés ou enseigner à des étudiants étrangers. En 2006, cette "non-aide" s'est élevée à 13,5 milliards d'euros, soit près d'un tiers de l'Aide Publique au Développement (APD). La réduction de la pauvreté ne semble pas être le principal objectif de l'aide européenne, explique Justin Kilcullen, le Président de CONCORD, la confédération européenne. "La sécurité, les alliances géopolitiques et les intérêts nationaux semblent prédominer".

Le rapport précise que cet argent manquant pourrait être utilisé pour envoyer 80 millions d'enfants à l'école ou pour prévenir la mort par défaut de soin des 4.000 enfants par jour qui meurent de diarrhée ou des 1.400 femmes par jour qui décèdent des suites d'un accouchement. Si les gouvernements européens n'améliorent pas leur performance actuelle, ce sont 50 milliards d'euros que les pays pauvres ne recevront pas d'ici 2010 de l'Europe explique Lucy Hayes.

Les gouvernements européens continuent de faire des déclarations trompeuses sur le montant de leur aide, alors qu'en Europe près d'un tiers des chiffres indiqués comme "aide publique au développement" ne représentent pas une l'aide réelle. L'Italie, la Grèce, le Portugal et l'Espagne n'atteignent même pas le niveau minimal qui leur était fixé en 2006. Une fois la "non-aide" déduite, le rapport montre que même la France, l'Allemagne et l'Autriche n'atteignent pas les objectifs prévus.

Le rapport rappelle que bien que les Etats européens aient juré d'augmenter considérablement l'aide à l'Afrique, le volume d'aide alloué à l'Afrique est resté inchangé depuis 2004. En fait, il a même diminué en 2006. "Le volume de l'aide ne suffit pas, il faut plus de ressources", dit Hussaini Abdu, le Coordinateur régional "Gouvernance" pour l'Afrique d'Action Aid. "Les gouvernements européens ont l'obligation morale à la fois d'augmenter les ressources et de s'assurer que cet argent va effectivement aux pays pauvres."

Le rapport attire aussi l'attention sur les défauts de la distribution de l'aide européenne au développement. Tous les pays de l'Union européenne, sauf l'Irlande et le Royaume-Uni continuent à lier leur aide à l'achat de leurs propres biens et services, diminuant ainsi de 30% la valeur de l'aide donnée. Près d'un cinquième de l'aide est en fait de l'assistance technique, laquelle est bien souvent inefficace pour renforcer les capacités des pays pauvres. De plus, le fait que les flux de l'aide sont imprévisibles diminue la possibilité pour les pays en développement de planifier des stratégies de développement et budgétaires.

CONCORD demande aux gouvernements européens d'augmenter le niveau d'aide réelle, de s'assurer que cette aide sert à combattre la pauvreté et les inégalités et qu'elle soit rendue plus efficace.

Source: Communiqué de presse du CONCORD.

Lisez le rapport.

Consultez aussi les dossier Euforic sur la coopération de l'Europe.

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